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Inertia

2017

#danse contemporaine #gravité #duo

Comme toutes les choses dans ce monde, l’être humain, lui aussi, se sent attiré
irrésistiblement vers la terre. Pourtant, il essaie aussi de prendre sa distance par rapport à
cette terre, lorsqu’il s’y promène, en se tenant plus ou moins debout et droit ; et ce faisant, il
semble pouvoir tracer son chemin individuel avec ses détours, ses bosquets, ses zones
d’ombres et de lumière.
Mais, inexorablement, au fil du temps et quel que soit son destin, la machine s’enraye. La
mécanique du corps répond de moins en moins bien. Le geste se refuse, les os se rouillent,
les muscles se relâchent, la peau de détend, se craquèle : le vivant vieillit. Une certaine gêne
qui s’installe parfois – et ne plus être comme avant – comme une envie de se cacher… de
s’enfermer dans sa bulle. Dans le corps, où se situe dans le corps cette envie de se relever, de
se surmonter, de s’ancrer ou au contraire de se relâcher, de s’abandonner, de céder à la
fatigue.
Autant nous aimons nous vanter de résister à l’inertie, autant nous évitons de parler de la
vieillesse, dégénérescence, diminution, autre rapport à la marche, au mouvement, à la
verticalité, et ce jusqu’à l’horizontalité finale.
Vieillesse puis mort, inexorablement.
Fin de l’histoire. Fin de l’inertie et de la gravité, l’homme n’est plus sur terre, mais sous
terre. Et là, à chacun ses croyances.
Tous les jours, nous accumulons des bagages, des souvenirs ; bons et mauvais qui nous
aident mais aussi nous alourdissent … tous les jours, un jour de plus. Peut-on encore
regarder un corps vieillir, changer, se fragiliser et peut-être nous dire autre chose que le
sexe, la santé, l’activité ? Autre chose qu’un message marchand du corps ? Pourrait-il se
cacher une tout autre beauté derrière ces gestes diminués, ces pas fragilisés et ces regards
perdus ?
Ces corps et leur inertie ont bien du mal à ne pas perdre la tête dans nos sociétés modernes
où seuls les êtres en parfait état de marche sont exhibés.
Inertia propose une pause. Un temps de réflexion dans cette marche effrénée de l’homme
dit actif sur terre. Juste à cet instant où la machine coince, grince, refuse et nous oblige à
voir ce que nous voudrions ignorer.

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